Biologie et écologie

La biologie des chauves-souris est vraiment exceptionnelle : elles volent avec leurs mains et voient avec leurs oreilles !

Les chauves-souris appartiennent à l’ordre des Chiroptères (« chiro » main et « ptère » aile) : elles volent avec leurs mains, grâce à une fine membrane de peau, appelée le patagium, qui se trouve entre leurs doigts, tous très allongés à l’exception du pouce. Ce dernier leur est bien utile notamment lorsqu’elles se déplacent au sol, sur les parois de leur gîte ou encore dans les branches.

Généralement à la tombée de la nuit, les chauves-souris quittent le gîte pour aller chasser. En Ile de France, elles se nourrissent exclusivement de petits arthropodes (insectes et araignées). On estime qu’un seul individu de Murin de Daubenton peut consommer jusqu’à 60 000 moustiques en 3 mois d’été !

Les chauves-souris jouent ainsi un rôle écologique essentiel et sont d’indispensables auxiliaires de cultures et de sylviculture. Elles sont de véritables indicateurs de la bonne santé d’un écosystème.

Elles s’orientent à l’aide de l’écholocalisation, un système comparable au sonar qui leur permet de se déplacer dans l’obscurité. Elles émettent des ultrasons, qui leur reviennent aux oreilles, leur permettant d’avoir une visualisation de leur environnement et de la localisation de leurs proies. Elles peuvent donc voir avec leurs oreilles. Et chaque espèce possède sa propre signature acoustique, ce qui permet de les identifier. Elles ne sont pas aveugles pour autant et leur ouïe et leur odorat sont particulièrement développés.

Autres particularité remarquable, les chauves-souris passent une grande partie de leur vie la tête en bas. Comment font-elles ? Au cours de l’évolution, leurs pieds ont subi une rotation de 180° par rapport aux nôtres, idéale pour s’accrocher. De plus, lorsqu’elles sont suspendues, leur poids exerce une traction sur leurs tendons maintenant leurs griffes en position d’accrochage. Elles ne dépensent ainsi aucune énergie et peuvent rester accrochées très longtemps… il arrive parfois de retrouver des cadavres encore accrochés !

Source : Arthur L. et Lemaire M. 2009. Les Chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse.

Cycle biologique

Lié aux saisons, le cycle de vie des chauves-souris est très particulier :

  • De Septembre à décembre: elles ont une activité de chasse importante pour constituer des réserves de graisse pour passer l’hiver. Elles s’accouplent et effectuent un transit vers les gîtes d’hibernation
  • Décembre à mars : hibernation. Les chauves-souris sont des animaux hétérothermes, c’est-à-dire qu’elles laissent descendre leur T° corporelle pour économiser de l’énergie. Pour passer l’hiver, elles constituent des réserves de graisse dite « graisse brune ». Pendant l’hibernation, leur rythme cardiaque diminue énormément passant de 300-400 pulsations/min à 10-80 pulsations/min. S’il peut arriver qu’elles se réveillent pour se réhydrater, un réveil non désiré (dérangement, …) est très couteux en énergie voire peut mettre l’animal en danger. Les gîtes d’hibernation peuvent être des grottes, arbres, bâtiments, ou églises. Très différents, ils auront toujours certaines caractéristiques communes : la tranquillité, endroit frais, mais à l’abri du gel et très humide (>80% d’humidité)
  • Mars à mai : réveil, reconstitution des réserves, gestation et transit vers les gîtes de mise bas
  • Mai à juillet : mises bas. Les chauves-souris ont 1 cycle par an. Vous l’avez compris la reproduction est là aussi assez particulière. L’accouplement a lieu à l’automne, mais l’ovulation est différée, le sperme est donc stocké dans l’oviducte de la femelle pendant l’hibernation. L’ovulation et la fécondation ont donc lieu au printemps et, pour finir la gestation est ajustable de 40 à 70 jours ! A la naissance, le petit fait environ 1/3 du poids de la femelle ! Il peut arriver que la femelle ait des jumeaux mais cela reste rare.
  • De juillet à septembre : élevage et émancipation des jeunes. Il atteint sa taille d’adulte et l’aptitude au vol vers l’âge d’1 mois mais il n’arrive à maturité sexuelle qu’entre 1 et 4 ans.

Ainsi les chauves-souris sont principalement actives de mars à octobre, période à laquelle les insectes dont elles se nourrissent sont eux-mêmes actifs. Les différentes phases d’activités et de repos des chauves-souris sont représentés sur le schéma ci-dessous et correspondent à l’occupation de différents gîtes au cours d’une année.

Cycle biologique annuel d’une chauves-souris © cen-aquitaine.fr

Habitats

Certaines espèces préfèrent vivre en forêt quand d’autres s’adaptent aux milieux urbains ou agricoles, les chauves-souris occupent ainsi une grande diversité d’habitats, naturels à artificiels. Soulignons aussi qu’un même individu peut occuper différents types gîtes au cours de l’année, et aussi cours de la semaine ! Il peut en effet utiliser par exemple des combles comme gîte de repos, des réseaux de bocages pour rejoindre son site de chasse autour d’un plan d’eau ou encore dans une prairie de fauche.

Menaces

Les espèces de chauves-souris sont toutes protégées sur le territoire national. Malgré cette réglementation, pratiquement toutes les espèces de chauves-souris européennes ont régressé et de nouvelles menaces continuent d’apparaître. Elles sont en effet aujourd’hui très menacées, notamment en lien avec la fragmentation et la disparition de leurs habitats ainsi que la pollution lumineuse, principalement dans les zones urbaines et périurbaines.  De plus, les chauves-souris sont très sensibles aux traitements phytosanitaires, notamment aux insecticides puisqu’elles sont principalement insectivores en France métropolitaine. Elles sont également très sensibles à la destruction de leurs habitats (gîte de reproduction, zones de chasse, transit et gîte d’hibernation). A ces menaces, s’ajoutent les collisions sur les routes et avec les éoliennes, la prédation (qui est un phénomène naturel mais dans le cas des chauves-souris, la prédation par les chats domestiques exercent une pression forte) et enfin… leur mauvaise réputation qui entraînent parfois de mauvais réflexes, souvent par manque de connaissance.